Merlin , l'inventeur
Dans son petit atelier, le soir, la lumière se mettait à brilller Et jusqu'à midi, attelé à son génie, il bricolait Dans sa grange s'empilaient les ressorts, les horloges cassées Et sur le toit de sa maison, il y avait une coque d'avion. Il démontait les TV, les meubles, les machines à laver, Et sa bibliothèque recelait de trésors de l'invention. Y avait des milliers de boîtes à l'intérieur de ses appartements, Avec des fils branchés partout, faut dire qu'il tombait souvent. Des idées futuristes, avant-gardistes il en avait tout plein. Tout le monde connaissait la légende de l'exploseur de grille-pain Pour les plus petits, c'était le maître de la sorcellerie ll les épatait avec ses tours de magie et les amenait à réfléchir. ll leur apprenait le cube moléculaire, la biologie. Mais pour d'autres c'était un cinglé qui les empêchait de dormir. Car dans son petit atelier, le soir, la lumière se mettait à briller Et jusqu'à midi, attelé à son génie, il bricolait. ll lui semblait qu'aujourd'hui enfin il avait l'idée Qu'au delà de toutes questions, l'imagination devait triompher. Jusqu'alors il n'avait que des projets, des mécanismes à relier, Des robots qui volent, des balais à pile, Des objets à bascule et à gravité. En somme, il ne servait que son intérieur, Sa petite personne, sa petite gaieté. Mais ce soir il l’avait eu l'idée L'idée qui sauverait le monde de la souffrance et de l'ambition. L'idée qui lui vaudrait le Prix Nobel et son abolition. L'idée, la seule, l'unique qui devrait tout réajuster. L'idée géniale dûe au seul altruisme de la créativité.
Il y a eu des milliers d'inventeurs, autant de débats d'idées, Et toutes les polémiques, les politiques Lui avaient fait oublier.Mais bientôt, Pour lui comme pour nous, le monde devrait changer. Il devait prévenir les médias, la presse, l'audiovisuel Les politiques, les peuples et même les prisonniers. Il voulait faire un grand discours sur la scène présidentielle Pour lui, du simple maçon à l'ingénieur des armées, Tous, au nom de l'Histoire, se devaient d'être informés. Et les bruits coururent, les médias se mettaient en Ebullition, parlaient de Merlin l' Inventeur Et de son hélice d'avion. La grande rencontre allait avoir lieu Comme il l'avait voulu, il avait touché tous les milieux. L’on vit même des primes spéciales de l'état aux prisons Afin que les éloignés, les disparus, aient la télévision La grande nouvelle du faux prophète captivait l'attention, Le président fit même un communiqué Sur les joies de l'invention. Mais plus le moment se faisait proche, Plus l'angoisse approchait Le grand enchanteur commençait à douter, à avoir peur, A avoir peur de la révélation face à l'humanité A avoir peur du poids du monde face à un des leurs. Et dans son petit atelier, le soir, La lumière se mit à briller
Ce n'était pas la même lumière que les autres nuits,
L'éclat irradiait l'air qui tombait en rosée. Les sept couleurs de l'arc-en-ciel transparaissaient à travers la pluie. L'on vit même un torrent emporter la coque d'avion. Mais bientôt le calme revint, la lumière s'éteignit. L'arc-en-ciel avait disparu, restait le silence de la mousson. Alors que le jour approchait, le jour du grand jury, Tout à coup une fourgonnette, quatre hommes, un pistolet, Le portail fit un bruit assourdissant. Dans le ciel, un hélico, des caméras aux ultraviolets, Un regard, une phrase et en deux trois mouvements, L'équipée sauvage, l'équipée gouvernementale, Passe à travers les fenêtres du salon. Faut dire, ça ferait discret une bande de vandales Qui seraient venus piquer le pouvoir de l'invention. Mais un grand rire, le seul, l'unique se mit à résonner Le grand rire de la folie, des sarcasmes de l'esprit Le grand rire fou, spirituel, sage et éclairé Le grand rire de Merlin, le rire du génie La lumière s'éteignit. Dans son petit atelier, Il n'y avait plus rien Plus aucune boîte, aucun livre ni réveil cassé, Nos hommes furent surpris du vide et du lit à baldaquin. Sur les draps, juste une note aux intéressés Une formule et un point d'interrogation ! E=MC2, est-ce la solution ? Et puis êtes-vous prêts à savoir ? Je voulais juste essayer d'y croire.
Un mot, un tout petit mot qui passa sur toutes les radios, Les médias, la presse, l'audiovisuel, tournèrent l'affaire au fiasco. Mais partout dans le pays les rumeurs sévissaient. Dans toutes les rues, dans tous les bars on se souvenait " Moi je suis sûr que c'est un coup des Allemands, Je ne serais pas étonné S'il participait au prochain génocide " La maîtresse d'école rassurait les enfants, Ce n'était qu'un fou Qui avait dû prendre trop d'acide. Certains pensaient qu 'i l avait disparu, Voulait épargner le monde du secret Dont il était indigne. D'autres pensaient au canular, L’esprit de la rue, Ou juste qu'il s'était débiné Dans les dernières lignes. Car faut dire Ca amenait un vent de panique dans la population urbaine. L'organisation, les mécanismes de la machine sociale, L'administration, les polémiques scientifiques S'en trouvaient menacées Une telle prétention à l'utopie entraînait la haine, Organe catalyseur des foules et de la presse à scandale. Une telle prétention à l'harmonie ne pouvait que dérégler
Reste toutefois un mystère. Comment et où est-il parti ? Et qui croire ? L'histoire se répète à l'infini. Cependant un enfant a vu la lumière de l'arc-en-ciel A travers les barreaux de son petit lit I l l'a vu atteindre le septième ciel Pour lui, dans son berceau et son jeune esprit Ce ne peut être que le Père Noël Dans le petit atelier le soir parfois, la lumière apportait un peu de poésie....
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